Nier le présent pour rester dans le 20ème siècle

 

Ce mardi 22 janvier, le Conseil provincial de Hainaut doit se prononcer sur la déclaration de politique générale de la majorité PS-MR. Cette déclaration est censée baliser les grands projets politiques que la majorité veut mener durant la législature.

Dans les faits, la déclaration de politique générale PS-MR se résume à expliciter ce que fait actuellement la Province mais absolument pas à se projeter dans l’avenir. La majorité continue donc à faire ce que la Province a toujours fait sans oser donner de nouvelles inflexions et des changements nécessaires.

En matière d’enseignement, Marine Biset (Charleroi Métropole) note que “Le collège ne prévoit pas de faire évoluer son offre d’enseignement et de formation. Or le Hainaut ne cesse de bouger et d’évoluer. Face aux suppressions d’emplois, la Province a la capacité d’offrir des formations de remise à niveau ou de certifier les compétences acquises par les travailleurs pour leur permettre ou de progresser ou de retrouver un emploi.”. Cette difficulté à évoluer se traduit aussi dans des éléments concrets du quotidien: Laurette Prévôt (Mons)  relève ainsi que “La province parle depuis des années de favoriser l’alimentation saine dans les cantines des écoles provinciales. Cela devrait donc être fait. Dans les faits, on est toujours en phase “pilote”. A ce rythme, on sera plus vite au 22ème siècle avant que l’ensemble des élèves ne puissent manger sainement dans les cantines”.

En matière d’action sociale, la majorité se contente de poursuivre ce qui a déjà été fait. Julie Crucke (Charleroi Métropole) souligne que “la province reste tournée sur ses propres institutions et ne compte toujours pas travailler en collaboration avec toutes les initiatives de la société civile qui se développent dans le soutien aux personnes handicapées. Pour la politique des aînés, la majorité prétend valoriser leur place dans la société mais ne fait que développer des activités qui leur sont réservées et de type plutôt occupationnelles. En la matière, Ecolo plaide pour une réelle politique intergénérationnelle.”

En Culture-Tourisme aussi, le Collège se contente de poursuivre sans grandes inspirations ce qui existe déjà : “Au manque d’ambition s’ajoute le manque de nouveaux projets concrets”, regrette Christophe Cornu (Charleroi Métropole), qui redoute par ailleurs la perte du label UNESCO pour les ascenseurs du centre vu le projet d’y développer une activité touristique de masse. “Perdre le label UNESCO porterait à notre sens un préjudice touristique énorme à ces sites historiques. Ecolo demande qu’une voie intermédiaire respectueuse de ce formidable patrimoine soit trouvée pour permettre d’assurer et son développement touristique, et sa préservation”.

Au niveau du développement territorial, l’impact du réchauffement climatique ne semble pas préoccuper le PS et le MR: Comme le rappel Jean-Pierre Urbain (Mons), “On sait que la sécheresse que l’on a connue en 2018 – et qui n’est pas encore finie – va devenir la norme pour les années à venir avec encore plus de pics de chaleurs. Et la majorité ne pense même pas à réorienter les aides de la province pour aider les agriculteurs à évoluer vers une agriculture capable de résister à ces changements climatiques. A croire qu’ils n’ont jamais entendu parler du GIEC”.

Albert Vicaire (Centre) s’inquiète aussi de savoir si la Province a bien pris conscience de l’augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes “En matières de lutte contre les inondations, je n’ai pas l’impression que le Collège est conscient qu’il faut aller plus vite et plus loin que ce qu’il fait actuellement si nous voulons protéger correctement les habitants”.

Pour Luc Parmentier (Charleroi Métropole), “Cette incapacité du PS et du MR de prendre conscience des urgences et des enjeux est superbement démontrée quand ils se sentent obligés de définir le développement durable dans … une note de bas de page. Comme si les conseillers provinciaux ne savent pas ce qu’est le développement durable.”

Ecolo s’inquiète donc du silence sidéral de la majorité face à des enjeux aussi urgents que le réchauffement climatique ou que l’évolution socio-économique du Hainaut. En pleine urgence climatique, au moment où les jeunes sortent dans la rue pour demander aux politiques d’agir, au moment où de plus en plus de projets sont lancés par des citoyens, des associations, des entreprises, … le PS et le MR proposent une déclaration de politique qui ne parle pas une seule fois de l’urgence climatique.

Philippe Lesne (chef de groupe – WAPI) constate que “La reconduction de la majorité PS-MR laisse une fois de plus l’institution provinciale dans le 20ème siècle. A force de ne pas s’ancrer dans le 21ième siècle, la province va finir pas se tuer elle-même. La Province, c’est 600 millions de budget et des milliers d’agents avec des compétences certaines. Ces ressources doivent être d’urgence mieux mobilisées et utilisées. L’avenir du Hainaut et de ses habitants en dépend

Ce mardi 22 janvier, le groupe Ecolo au conseil provincial aura l’occasion d’expliquer encore plus en détail son analyse et sa position.