Monsieur le Président, Monsieur le Gouverneur, Mesdames, Messieurs les Députés provinciaux, Chers Collègues, Mesdames, Messieurs,

Avant d’aborder le fond, je voudrais revenir sur des éléments qui se sont déroulés pendant la session budgétaire. Tout d’abord, vous faire part de notre étonnement sur la difficulté qu’a eu le Collège provincial pour nous transmettre tous les documents qui sont pourtant légalement prévus, où il a fallut des demandes de notre part et des remarques de la Cour des Comptes pour que l’ensemble des documents et annexes soient communiqués. Et encore, une partie de ceux-ci ne l’ont été qu’aux Chefs de groupe et largement en dehors des délais prévus.

La question ne concerne pas que le simple respect des formes prévues dans le Code de la démocratie locale et de la décentralisation, les délais prévus sont là d’abord pour garantir la démocratie et permettre aux membres de ce Conseil de prendre connaissance, avec suffisamment de temps, des informations sur lesquelles ils vont devoir se prononcer et engager leur responsabilité politique.

Dans ce domaine, le Collège provincial peut certainement mieux faire et nous regarderons avec attention la prochaine modification budgétaire pour voir si ces livraisons perlées et en retard se confirment ou si cela n’était qu’une exception ?

Malgré ces différents retards, le Groupe ECOLO tient aussi à remercier l’ensemble des membres du personnel qui s’est rendu disponible durant les travaux en Commission pour venir expliquer les dossiers et répondre à nos questions. Monsieur le Président du Collège provincial et Monsieur le Directeur général provincial, nous comptons sur vous pour relier nos remerciements vers les personnes concernées.

Les membres du personnel étaient bel et bien présents mais malheureusement, on ne peut pas en dire autant des membres du Collège lors des travaux de Commission. Et si les explications données par les membres du personnel étaient et sont toujours très intéressantes, il est étonnant de voir le Directeur financier présenter le budget là où normalement la présentation aurait dû être faite par le Député provincial concerné.

Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit du budget du Collège et donc de la majorité PS-MR et si nous devions résumer votre projet de budget 2019, il est touché de plein fouet par l’immobilisme de la coalition PS-MR à la Province.

Pour nous, il y a 3 points qui montrent que ce budget est un immobilisme pour le Hainaut :

Tout d’abord, face à la diminution des moyens octroyés par le Fonds des Provinces décidé par le MR et le CDH, le Collège se contente juste d’adapter le budget à cette diminution sans être capable de le réorienter fondamentalement.

Vous espérez un retour en arrière en mai, après les élections régionales, mais la vraie question est, qui va réellement oser réalimenter le Fonds des Provinces après le mois de mai sachant que les moyens ont été utilisés entre-temps pour assurer la pension des agents contractuels principalement communaux ?

Qui va oser aller refinancer les Provinces alors que la Région va voir ses moyens diminués durant la prochaine législature ?

Espérer un retour en arrière sur la situation ? Je pense qu’il s’agit d’un vœu pieux mais ce n’est pas réaliste dans une vision pluriannuelle de la gestion de la Province.

La seconde chose, serait qu’un Collège un peu imaginatif aurait déjà commencé à donner une inflexion dans sa politique générale pour anticiper ce nouveau contexte budgétaire. Il aurait pris des mesures pour dégager de nouvelles marges budgétaires pour adapter ses politiques mais même à budget constant, nous devons constater qu’il n’y a aucun changement de politique pour tenir compte, par exemple, du réchauffement climatique. Là où tout le monde s’inquiète des conséquences sur le climat, certes les services provinciaux sont tout à fait capables de nous citer les objectifs européens, mais il n’y a aucune déclinaison de ces objectifs dans les politiques provinciales.

Même chose sur les aides économiques de la Province qui ne sont pas du tout réorientées pour accompagner les acteurs économiques dont les agriculteurs dans le cadre de la transition climatique. En ce qui concerne les urgences sociales, aucun changement n’est annoncé ne fut-ce que tenir compte du vieillissement de la population hennuyère ou du tissu socio-économique en adaptant – et je rejoins mon collègue, M. LAVAUX – son offre de formation pour soutenir ces changements déjà en cours.

La question ne concerne pas uniquement l’enseignement de promotion sociale et la remise à l’emploi, c’est aussi tout ceux qui aujourd’hui, voient leur métier changer et ont besoin de venir suivre de nouvelles formations pour s’adapter à l’évolution du marché de l’emploi, c’est-à-dire garder des gens dans l’emploi qu’ils occupent aujourd’hui.

Cet enjeu est majeur pour l’évolution du Hainaut. La Province est complètement atone à ce sujet, cela demande aussi un changement en interne pour faire bouger les choses.

Ce qui nous inquiète aussi c’est l’ouverture de la Province de Hainaut vers tous les acteurs dynamiques et innovants que nous avons dans notre Province. Vous nous renvoyez l’impression que vous ne les connaissez pas. C’est difficile d’aller vers eux et de s’appuyer avec eux pour construire une politique de l’ensemble de la Province Hennuyère.

Vous avez donc choisi de faire le gros dos en espérant que l’orage passe mais nous vous le disons, ce n’est pas en jouant contre la montre que vous pourrez sauver l’institution provinciale.

Au contraire, se faisant, vous renforcez tous ceux qui pensent que la gouvernance politique des Provinces n’est plus capable de s’adapter aux évolutions de notre époque et pour parvenir à inverser ces impressions, il faut des faits, beaucoup de faits qui vont clairement en sens inverse. Les choix budgétaires que vous faites en sont un mais votre majorité rate ici une occasion de renvoyer un signal vers tous ceux qui pensent qu’il n’y a plus moyen de changer les choses dans les Provinces.

Je vais prendre un 2ème exemple qui est l’annonce de la suppression des points APE, également décidée par le Groupe MR et le Groupe CDH.

Le budget 2019 n’anticipe pas la suppression de ces points ainsi que les solutions qui peuvent être proposées à tous les agents qui sont sous contrat APE. Vous ne parlez pas, dans le budget 2019, des réorientations des services qui seront impactés par cette mesure aujourd’hui.

Là aussi, la question de l’anticipation est d’autant plus cruciale que vous n’avez pas de marge budgétaire dans votre budget 2019 pour commencer à compenser cette perte de moyens et à préparer déjà le changement qui va venir.

Le discours du Groupe MR à la Région n’est pas pour rassurer. Lors des débats parlementaires du 4 décembre au Parlement wallon, M. GEOLET, a déclaré qu’il n’était pas convaincu que la décision de supprimer les points APE dans les Provinces va mettre à mal celles-ci et de continuer : « si le FOREM est capable de mettre un plan de ressources humaines pour gérer cette situation, je souhaite que les Provinces fassent la même chose et mettent en place une gestion des ressources humaines et financières adaptées pour ne pas impacter l’emploi. Les Provinces c’est 1 milliard d’euros de budget, les points APE représentent 5 millions d’euros. On est donc à un demi-pourcent du budget des Provinces. C’est essentiellement la Province de Hainaut et la Province de Liège qui sont concernées. » Je le cite encore : « Je connais un peu la Province de Liège et je pense que l’on pourra faire des économies y compris dans la gestion du personnel et dans d’autres secteurs, c’est en tout cas ce que je demanderai à mes représentants qui gèrent la Province de Liège. »

Je présume que le même message arrivera bien un jour aux membres du Groupe MR de cette majorité mais vous voilà déjà prévenu de la consigne qui vous sera donnée.

Comme les points APE des Provinces qui seront supprimés seront redistribués vers les communes, pensez-vous vraiment qu’une nouvelle majorité régionale au mois de mai va revenir en arrière pour redonner ces points APE aux Provinces ?

Ici aussi, l’immobilisme du Collège ne va faire que compliquer la recherche de solutions pour les personnes sous contrat APE. Je ne peux que vous encourager à plancher d’urgence sur des solutions à mettre en œuvre parce qu’au-delà des points APE, ce sont des personnes, ce sont des services à la population et on sait quand on voit où sont localisés les points APE dans notre Province qui sont des services aussi critiques vers la population et les communes.

Troisième immobilisme que nous avons identifié. Il s’agit de la même majorité que la précédente législature et le budget n’est finalement qu’un copié collé du budget 2018. Il n’intègre aucune nouveauté, aucun changement structurel, aucune anticipation de mesures déjà prévisibles, ni aucune transition vers les urgences sociétales et les besoins du Hainaut. Les Hennuyers sont donc perdants.

Finalement, avec ce budget 2019, vous envoyez un double message.

Le premier vers le Gouvernement wallon en lui disant que malgré la diminution importante des moyens de la Province, elle peut toujours s’en sortir, on peut donc continuer à la presser comme un citron. Le second message est destiné aux habitants du Hainaut à qui vous confirmez l’impression que la Province est incapable de se projeter dans le 21ème siècle et de relever les défis qui sont ceux du Hainaut et plus particulièrement l’urgence climatique.

A force d’immobilisme, de faire le gros dos en espérant une majorité régionale plus favorable, en refusant de faire évoluer la culture interne de l’institution, vous finirez par être les vrais fossoyeurs de la Province.

Le Groupe ECOLO est demandeur d’une réorganisation en profondeur des Pouvoirs locaux, nous n’avons jamais plaidé pour étouffer les provinces de l’intérieur mais nous ne pouvons donc pas vous suivre sur ce budget et en conséquence, nous ne le voterons pas.

Je vous remercie.

 

Philippe LESNE

Chef de groupe Ecolo